Japon, le pays où le distributeur est roi

L’Européen qui débarque au Japon en prend plein la vue. Partout. Constamment. En ville comme à la campagne, on est dans un autre monde. Difficile de hiérarchiser les découvertes. D’ailleurs, à quoi bon ? Mais parmi les premières choses qui m’ont frappées, je citerais la place du distributeur automatique alimentaire dans la société nippone. Oui vous avez bien lu, le “jihanki” comme on dit là-bas, est partout… jusqu’au sommet du Mont Fuji !

En 2013, on en recensait plus de cinq millions, soit un appareil pour 25 habitants. À titre de comparaison, la France en compte 640.000, soit un pour 104 personnes. Et comme on peut le deviner, 70% du chiffre d’affaires hexagonal provient des boissons chaudes. Alors qu’au Japon, les distributeurs automatiques sont non seulement partout mais ils vendent de tout : bières, snacks, glaces, plats chauds bien sûr, mais aussi fleurs, cartes SIM, vêtements (et même sous-vêtements), sextoys, cravates ou encore des pastèques !

Réponse au manque d’espace

Le phénomène n’est pas nouveau. Les historiens du distributeur (si, si, ça existe !) précisent que l’explosion s’est produite au début des années 50, à l’époque où le pays connaissait un boom économique sans précédent et… une pénurie de main d’oeuvre criante. Dans un archipel hanté par le manque de place, les distributeurs répondaient parfaitement au problème d’une offre souvent pléthorique de produits d’usage courant réunis dans un espace réduit et surtout accessibles à toute heure du jour et de la nuit. 

Si à Tokyo et dans les grandes villes japonaises, les konbini (petits magasins de proximité, ouverts 24h/24), restent la solution de dépannage numéro un, dans les zones extra-urbaines en revanche les distributeurs automatiques règnent en maîtres. Depuis longtemps déjà, ces machines acceptent n’importe quel mode de paiement ; on peut même régler avec sa carte de train !

Un avenir connecté

Les Européens pourront toujours regretter le manque d’humanité de ce mode de distribution… Mais au Japon, c’est tout le contraire. La relation à la machine est totalement assumée, décomplexée. N’ont-ils pas été les premiers à créer des robots à forme humaine et les premiers animaux de compagnie totalement automatisés ? 

Comme on peut s’en douter, ce marché de 40 milliards d’euros (2,2 milliards d’euros en France) est l’objet de toutes les attentions. Dans un monde de la distribution complètement chamboulé depuis l’arrivée d’internet, on imagine déjà l’avenir. Ainsi, certains appareils sont équipés aujourd’hui d’un système de reconnaissance faciale qui, après analyse de vos traits, de la météo du jour et de l’heure vous proposera les trois boissons les plus fortement susceptibles de vous intéresser. Un avenir à vocation sociale également avec des distributeurs connectés intégrant une caméra de surveillance, un défibrillateur externe automatisé (AED) mais également capables de diffuser des messages d’alerte en cas de catastrophe naturelle… de se débrayer automatiquement pour offrir des boissons gratuites le cas échéant !

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